Dans la nuit du 1er au 2 septembre, la prison de Makala, la plus grande de la République démocratique du Congo (RDC), a été le théâtre d’une violente tentative d’évasion, qui s’est soldée par la mort de 129 personnes. Cette tragédie a une nouvelle fois mis en lumière les conditions de vie précaires et la surpopulation extrême qui règnent dans cet établissement pénitentiaire situé à Kinshasa, la capitale du pays.
Les autorités congolaises ont rapidement qualifié les événements de « tentative d’évasion ». Cependant, les détails de cette nuit sanglante restent flous. Selon des témoins oculaires, des coups de feu ont éclaté entre 2 et 3 heures du matin, réveillant brutalement le quartier environnant. « Les tirs étaient intenses et continuaient pendant plusieurs heures », rapporte un résident du quartier interrogé par le site d’information local Actualité CD.
Le lendemain matin, le quartier de la prison était bouclé par les forces de sécurité, et les habitants ont pu voir des corps sans vie être chargés dans des véhicules militaires. Le bilan, encore provisoire, fait état de 129 décès, dont 24 causés par des tirs de sommation des forces de l’ordre, les autres victimes ayant succombé à des étouffements ou des bousculades.
La prison de Makala, construite à l’origine pour accueillir 1 500 détenus, en héberge aujourd’hui entre 14 000 et 15 000, selon les chiffres officiels. Cette surpopulation chronique aggrave les tensions au sein de l’établissement, où la majorité des détenus sont en attente de jugement. Les organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur les risques d’une telle situation.
Emmanuel Adu Cole, président de l’antenne congolaise de la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), a vivement critiqué la réponse des autorités, affirmant qu’elles avaient ignoré les multiples avertissements concernant la situation explosive à Makala. Le ministère de la Justice a néanmoins promis de prendre des mesures pour remédier à la surpopulation carcérale, notamment en suspendant les transferts de nouveaux détenus vers Makala et en construisant un nouvel établissement pénitentiaire.
Ce n’est pas la première fois que la prison de Makala est le théâtre d’une telle violence. En 2017, une attaque menée par des hommes armés avait conduit à l’évasion de plus de 4 000 détenus. Cette nouvelle tragédie souligne l’urgence d’une réforme du système pénitentiaire en RDC.
La Rédaction

