Le Parlement ougandais a donné son feu vert à un prêt de 121,9 millions de dollars destiné à financer l’exportation d’électricité vers le Soudan du Sud, malgré des tensions et des débats internes sur l’impact pour les consommateurs locaux et la dette nationale.
Une initiative régionale saluée par certains élus
Pour plusieurs parlementaires, ce projet représente une opportunité stratégique. Il permettrait à l’Ouganda de générer des revenus en devises étrangères tout en écoulant sa production excédentaire. Edson Rugumayo, représentant de la jeunesse de l’Ouest, a insisté sur le rôle de l’Ouganda comme puissance énergétique régionale, tandis que le ministre d’État à l’Énergie, Sidronius Okaasai, a rappelé que la nation dispose de 2 056 MW de capacité installée mais n’en consomme que 900 MW.
Des inquiétudes sur l’endettement et la distribution nationale
D’autres députés se sont montrés sceptiques. Charles Tebandeke (NUP, comté de Bbale) a dénoncé le manque de transparence autour des accords internationaux, soulignant que seuls 15 % des ménages bénéficient d’une électricité fiable malgré une couverture officielle de 25 %. De son côté, la députée Naome Kabasharira (comté de Rushenyi) a critiqué le paradoxe d’une production excédentaire face à des délestages fréquents, estimant que ce prêt profiterait davantage au Soudan du Sud qu’aux Ougandais eux-mêmes.
Des projets d’infrastructures pour soutenir l’exportation
Le rapport du Comité sur l’économie nationale prévoit la construction d’une interconnexion électrique de 299 km reliant la centrale de Karuma à Juba, via Nimule et Bibia. La première année, environ 624 GWh devraient être exportés, contribuant également à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Parlement a par ailleurs approuvé deux autres prêts : 342,5 millions d’euros de Standard Chartered Bank pour la ligne Karuma–Tororo et le poste de Ntinda, et 230,4 millions d’euros de Citi Bank pour la route Jinja–Malaba.
Une stratégie régionale malgré les défis nationaux
L’Ouganda, avec une capacité installée d’environ 2 000 MW, peine encore à fournir l’électricité à l’ensemble de sa population. Le gouvernement mise sur le commerce régional de l’électricité pour rentabiliser ses investissements et consolider sa position dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), malgré les critiques sur les tarifs nationaux et le manque d’accès pour de nombreux citoyens.
La Rédaction

