L’Iran rejette fermement le transfert de son stock d’uranium vers l’étranger, bloquant ainsi les négociations secrètes menées avec Washington.
Téhéran refuse de céder un pouce de terrain sur un point jugé non négociable : son stock d’uranium hautement enrichi restera sur le sol iranien. Cette exigence, brandie par les États-Unis dans les discussions menées à huis clos à Mascate, constitue désormais le principal nœud d’un dialogue fragile.
Les négociations ont réuni le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff. Objectif de Washington : transférer l’uranium iranien vers un pays tiers — possiblement la Russie — pour limiter les capacités nucléaires de l’Iran.
Un précédent qui hante Téhéran
Mais pour l’Iran, céder son stock revient à courir un risque politique majeur. Le précédent de 2018 reste vivace dans les esprits : le retrait brutal des États-Unis de l’accord sur le nucléaire avait laissé Téhéran désarmé, après avoir suspendu ses activités.
“Si notre stock quittait l’Iran et que Washington se retirait à nouveau de l’accord, nous serions contraints de tout recommencer. Ce serait une punition pour une trahison américaine”, explique une source proche des pourparlers.
Téhéran propose un compromis : conserver l’uranium sur son territoire, mais sous surveillance continue de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Une ligne rouge qu’il n’entend pas franchir.
L’Italie, nouveau théâtre d’une diplomatie parallèle
Le prochain round aura lieu samedi à Rome, dans un décor inattendu : c’est la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui accueillera les discussions. Un choix interprété comme un geste diplomatique de Trump, qui semble miser sur une proximité personnelle avec la dirigeante italienne, jugée plus réceptive que ses homologues français, allemand ou britannique.
“Oman conserve un rôle de médiateur, mais Rome devient un levier symbolique”, analyse Mohamed Amersi, de l’Institut de recherche en politique étrangère. “Meloni incarne le canal européen le plus direct avec Trump.”
Pressions militaires et crise économique
Téhéran négocie dos au mur. L’économie iranienne s’enfonce, étranglée par les sanctions. En coulisses, le spectre d’une frappe militaire américaine contre ses sites nucléaires reste une menace crédible. Dans ce contexte, lever les sanctions devient une priorité vitale pour attirer des investissements étrangers.
Mais l’Iran campe sur ses positions. Céder son uranium à une puissance étrangère serait perçu comme un aveu de faiblesse. Et dans ce bras de fer nucléaire, le stock d’uranium n’est pas qu’un enjeu technique : c’est une ligne de souveraineté.
La Rédaction

