Le président nigérian Bola Tinubu tente de reprendre la main sur un secteur pétrolier en perte de vitesse. La production nationale est à son plus bas niveau depuis des années, tandis que les prix du brut dégringolent après l’annonce choc des nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump. En réaction, Abuja accélère la restructuration de sa compagnie nationale, la NNPC, et revoit ses règles de vente de pétrole brut pour soutenir le raffinage local.
Limogeages en série à la NNPC
La semaine dernière, le chef de l’État a brutalement remercié onze hauts cadres de la NNPC, une purge qui marque sa volonté de rompre avec les pratiques passées, entachées de soupçons de corruption et d’opacité. À leur place, Tinubu a nommé Ahmadu Musa Kida à la présidence du conseil d’administration, tandis que Bayo Bashir Ojulari prend les rênes opérationnelles de l’entreprise publique. Objectif : restaurer la crédibilité de la NNPC, relancer la production, et rassurer les investisseurs.
Une réforme monétaire au cœur de l’enjeu énergétique
Mercredi, le gouvernement fédéral a également annoncé que les raffineries locales pourraient continuer à payer leur pétrole brut en naira. Une mesure symbolique, dans un contexte où le dollar règne en maître sur les échanges pétroliers. Baptisée « Naira contre pétrole brut », cette politique vise à encourager le raffinage local, réduire la pression sur les devises étrangères et renforcer la souveraineté énergétique du Nigeria. « Cette initiative restera en vigueur tant qu’elle sert l’intérêt public », précise le ministère des Finances.
Le bras de fer Dangote-NNPC
En toile de fond, un conflit s’est envenimé entre la NNPC et le milliardaire Aliko Dangote, dont la méga-raffinerie de Lagos est censée révolutionner l’industrie du raffinage en Afrique de l’Ouest. Contraint de payer son pétrole en dollars, Dangote a suspendu la vente de carburant sur le marché local, contribuant à la flambée des prix de l’essence dans le pays. Le rétropédalage du gouvernement semble donc aussi destiné à ramener le magnat dans le giron national, au moment où le Nigeria ne peut se permettre ni rupture d’approvisionnement, ni bras de fer prolongé avec l’un de ses principaux investisseurs privés.
Dans un climat économique fragilisé par les tensions commerciales internationales et une production pétrolière au ralenti, Bola Tinubu joue gros. Sa capacité à restructurer le secteur sans provoquer une nouvelle onde de choc sociale ou financière sera scrutée de près.
La Rédaction

