Le choix du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, d’effectuer son premier déplacement à l’étranger en Mauritanie, en compagnie du président Bassirou Diomaye Faye, illustre l’importance stratégique de la coopération entre les deux nations. À travers cette visite, conclue le 14 janvier, les deux voisins cherchent à donner une nouvelle impulsion à des relations déjà solides, mais jugées insuffisamment exploitées malgré un potentiel évident.
Le pont de Rosso, symbole d’une ambition commune
Au cœur des discussions, le projet emblématique du pont de Rosso, reliant les deux rives du fleuve Sénégal. Ce chantier, d’un coût estimé à 87,62 millions d’euros, traîne depuis deux ans, avec seulement 30 % des travaux achevés. Sa réalisation, prévue pour 2026, permettra de remplacer les bacs actuels, qui assurent laborieusement la traversée des personnes et des marchandises. Cette infrastructure clé promet de fluidifier les échanges commerciaux entre les deux pays et de renforcer leur intégration économique.
Un potentiel économique encore sous-exploité
Malgré une augmentation de 184 % des exportations sénégalaises vers la Mauritanie au cours des cinq dernières années, les échanges commerciaux restent bien en deçà de leur potentiel. Lors du Forum économique Sénégal-Mauritanie tenu en septembre 2024, le ministre sénégalais de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, avait souligné les freins liés à une faible exploitation des opportunités économiques, notamment dans le secteur industriel.
Les deux Premiers ministres ont convenu de dynamiser la Grande commission mixte de coopération sénégalo-mauritanienne, créée en 1972, en organisant des sessions annuelles pour lever ces obstacles et encourager les opérateurs économiques des deux côtés de la frontière.
Des secteurs porteurs et des défis communs
Outre les secteurs traditionnels comme la pêche, l’élevage et les transports, une nouvelle manne économique est apparue : le gaz. Le 31 décembre 2024, les premiers mètres cubes du gisement offshore Grand Tortue Ahmeyim ont été extraits, marquant un tournant pour les deux pays. Ce projet pourrait générer jusqu’à 90 milliards de dollars de recettes sur 20 ans. Toutefois, un différend avec la société BP, accusée de surfacturation, devra être résolu pour garantir un partenariat équitable.
Les discussions ont également abordé des enjeux transversaux tels que la sécurité, la migration et la lutte contre le terrorisme, essentiels dans un contexte régional marqué par l’instabilité au Sahel.
Une volonté commune pour un avenir prometteur
Au terme de cette visite, Nouakchott et Dakar ont réaffirmé leur détermination à œuvrer ensemble pour la stabilité et le développement durable dans la région. Ce rapprochement marque une étape décisive dans leur ambition partagée de transformer leur coopération économique en un véritable moteur de croissance.
Si la réussite passe par une accélération des projets et une gestion rigoureuse des ressources, l’histoire récente montre que la Mauritanie et le Sénégal sont sur la bonne voie pour bâtir un avenir prospère, main dans la main.
La Rédaction

