Les dirigeants des pays membres de l’Union européenne se sont récemment réunis à Bruxelles pour intensifier la mise en œuvre du Pacte asile et migration, tout en renforçant les mesures contre l’immigration illégale. Ce tournant dans la politique migratoire communautaire suscite des réactions variées au sein des médias européens.
Lors de cette rencontre, les États membres ont insisté sur la nécessité d’une loi pour accélérer le processus de retour des migrants en situation irrégulière vers leur pays d’origine. Libération souligne que “l’Union européenne prend un virage à droite pour satisfaire les attentes des populistes et des opinions publiques”. De leur côté, Les Echos rapportent que les Vingt-Sept ont mis en avant l’importance d’une action rapide pour améliorer l’efficacité des retours.
Pour Die Tageszeitung, “les derniers tabous sur la politique communautaire d’asile et d’immigration volent en éclats”. Le quotidien allemand estime que des idées longtemps considérées comme extrémistes sont désormais adoptées par les dirigeants européens.
Un durcissement de la politique migratoire européenne
De nombreux médias partagent ce constat. Selon Le Monde, “alors que la droite et l’extrême droite gagnent du terrain en Europe, de plus en plus de pays membres exigent un durcissement de la politique migratoire”. Cela se produit malgré une réduction significative des entrées irrégulières au sein de l’UE par rapport à l’année précédente. Même l’Allemagne, autrefois accueillante, a réintroduit des contrôles frontaliers et durci ses conditions d’entrée.
“Les Vingt-Sept avaient pourtant conclu un accord après plusieurs années de négociations sur le Pacte asile et migration”, rappelle L’Express. Ce pacte prévoit un mécanisme de solidarité entre les pays européens et une procédure de filtrage pour accélérer le traitement des demandes d’asile peu susceptibles d’aboutir.
Un tournant pour l’Europe
Cependant, de nouvelles propositions pour durcir la politique migratoire continuent d’émerger, s’inquiète Le Temps. Le journal suisse évoque des suggestions comme le placement des migrants déboutés dans des États tiers, en attendant leur expulsion, ou la création de centres de rétention pour les migrants criminels en dehors des frontières de l’UE. Ces mesures révèlent, selon le quotidien, que l’Europe se trouve à un “tournant”.
Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles pour Libération, parle d’une “orbánisation” de la politique migratoire européenne, faisant référence à la fermeté du Premier ministre hongrois Viktor Orbán sur le sujet. Ce dernier avait été vivement critiqué pour sa politique stricte à l’égard des migrants. Mais depuis, les opinions publiques européennes semblent avoir évolué.
Vers de nouvelles approches migratoires
À l’issue de ces discussions, les dirigeants européens ont appelé à une action plus résolue pour faciliter et accélérer les retours des migrants depuis l’Union européenne, en utilisant divers leviers comme la diplomatie, le commerce ou les visas. Les États membres souhaitent également établir de nouveaux accords de partenariat, similaires à ceux conclus avec la Tunisie, l’Égypte et la Mauritanie, en échange d’un contrôle renforcé des départs de migrants.
Libération critique cette course aux “solutions innovantes”, soulignant que les droits fondamentaux des migrants ne semblent plus être une priorité pour l’Union européenne, remettant en question l’avenir du droit d’asile.
Le soutien européen à la Pologne dans un contexte de tensions migratoires
Par ailleurs, les Vingt-Sept ont affirmé que ni la Russie ni la Biélorussie ne pouvaient utiliser le droit d’asile pour déstabiliser les démocraties européennes. Cette position marque un soutien au Premier ministre polonais Donald Tusk, qui a récemment suspendu temporairement le droit d’asile pour les migrants arrivant par la frontière biélorusse, dénonçant une manœuvre orchestrée par la Russie pour déstabiliser son pays.
La Pologne a obtenu un soutien explicite, avec l’idée que “des situations exceptionnelles appellent des mesures adaptées”, ouvrant ainsi la voie à une suspension partielle du droit d’asile, selon Les Echos.
La Rédaction