Israël a récemment exprimé son soutien aux Druzes de Syrie, une minorité ethnique principalement située dans le sud-ouest du pays, à proximité des frontières israélienne et jordanienne. Derrière cette prise de position, qui peut sembler humanitaire, se cachent des enjeux stratégiques de premier ordre.
Les Druzes, un peuple en quête d’équilibre
Les Druzes de Syrie forment une communauté forte de plusieurs centaines de milliers de personnes, vivant principalement dans la région de Soueïda. Depuis le début du conflit syrien en 2011, ils ont adopté une posture ambiguë, oscillant entre neutralité et alliances temporaires avec différentes factions en fonction des circonstances. Ce pragmatisme leur a permis de préserver leur autonomie, mais aussi d’attirer l’attention d’acteurs régionaux aux intérêts divergents.
Avec l’effondrement progressif du régime de Bachar Al-Assad, affaibli par des années de guerre, et la montée en puissance de factions islamistes comme Hayat Tahrir al-Cham (HTC), anciennement affiliée à Al-Qaïda, les Druzes refusent aujourd’hui de désarmer. Une position qui les met en confrontation directe avec le nouveau pouvoir en place, dirigé par Ahmed Al-Charaa, et ses alliés kurdes des Forces Démocratiques Syriennes (FDS).
Israël, protecteur ou stratège ?
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a été très clair : « Nous ne permettrons pas au régime terroriste de l’islam radical en Syrie de nuire aux Druzes. » Une déclaration qui dépasse la simple protection humanitaire et qui s’inscrit dans la stratégie israélienne de sécurisation de ses frontières et d’influence régionale.
Israël, qui a déjà élargi son contrôle sur le plateau du Golan après la chute d’Assad, voit dans cette situation une opportunité. En affichant son soutien aux Druzes, Tel-Aviv cherche à s’assurer un levier d’influence dans cette zone stratégique et à limiter l’expansion de forces hostiles comme le Hezbollah libanais ou les groupes pro-iraniens qui pourraient profiter du chaos syrien.
Une alliance fragile
Si Israël et les Druzes partagent un intérêt commun à contenir les factions islamistes, leur alliance reste fragile. Les Druzes de Syrie, bien que marginalisés par Damas, n’ont jamais entretenu de relations cordiales avec Israël, contrairement à leurs cousins du Golan qui sont sous administration israélienne depuis 1967. Leur loyauté reste d’abord ancrée dans leur communauté et leur territoire, et toute association trop visible avec Israël pourrait les exposer à des représailles de la part des autres forces syriennes.
En fin de compte, cette alliance de circonstance entre Israël et les Druzes de Syrie repose sur un équilibre précaire, dicté par la nécessité du moment. Reste à voir si ce soutien israélien se traduira par une véritable protection durable ou s’il ne sera qu’un épisode de plus dans le grand jeu d’échecs du Proche-Orient.
La Rédaction

