L’élection présidentielle du 12 avril prochain au Gabon ne sera pas une simple formalité. Après un tri sévère des candidatures, seuls quatre prétendants restent en lice, parmi lesquels le président de la transition, Brice Oligui Nguema, et l’ex-Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ce duel annoncé se jouera sur fond de transition politique et de remaniements institutionnels.
Une sélection rigoureuse et des recalés de taille
Si 34 citoyens avaient initialement manifesté leur intention de briguer la présidence, seuls 23 ont déposé un dossier, et au final, le ministère de l’Intérieur n’en a validé que quatre, sans dévoiler les critères précis des éliminations.
Outre Brice Oligui Nguema et Alain-Claude Bilie-By-Nze, deux autres figures tenteront de bousculer le duel pressenti : Joseph Lapensée Essingone, un juriste inspecteur des impôts, et Stéphane Germain Iloko Boussengui, médecin.
Parmi les recalés, une absence fait particulièrement réagir : celle de Jean-Rémy Yama, syndicaliste de premier plan et sénateur. Comme les 18 autres exclus, il peut encore saisir le Conseil constitutionnel, mais le temps presse.
Oligui Nguema, du putsch à la présidentielle
Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après l’éviction d’Ali Bongo en août 2023, s’était engagé à rétablir un régime civil. Mais la nouvelle Constitution et la réforme du code électoral, qui permettent désormais aux militaires de se présenter, ont changé la donne.
Le 4 mars, jour de ses 50 ans, il a officialisé sa candidature, invoquant les « nombreux appels » du peuple et une mission presque divine. Pour se conformer aux règles, il a déposé sa demande de mise en indisponibilité auprès du ministère de la Défense, affirmant ainsi pouvoir briguer la présidence en toute légalité.
Se déclarant indépendant, il a balayé l’idée de créer un parti politique, préférant miser sur une plateforme baptisée “Le Mouvement des Bâtisseurs”, destinée à fédérer associations, syndicats, intellectuels et acteurs politiques autour de sa vision.
Une élection sous pression, un second tour incertain
La campagne électorale débutera le 29 mars, mais une inconnue persiste : le second tour. La Constitution le prévoit en cas d’absence de majorité absolue, mais le décret convoquant l’élection ne mentionne aucune date précise. Un flou qui alimente les interrogations sur la transparence du scrutin et la transition démocratique annoncée.
La Rédaction