C’est une page de la transition gabonaise qui se tourne : après des mois de détention, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin ont été libérés ce vendredi matin à Libreville. Un geste à forte portée symbolique, alors que l’Union africaine a levé ses sanctions contre le Gabon, saluant un retour progressif à l’ordre constitutionnel.
Une libération discrète mais stratégique
Selon les informations recueillies par TV5MONDE, l’ancienne première dame et son fils ont quitté leur prison vendredi matin, avant de rejoindre Ali Bongo dans sa villa, où l’ex-président est toujours maintenu en résidence surveillée. Tous trois sont désormais réunis, dans un huis clos qui marque à la fois la fin d’un isolement judiciaire et le début d’une surveillance politique plus souple.
Un tournant dans la transition post-putsch
Arrêtés dans la foulée du coup d’État du 30 août 2023, qui a mis un terme à plus de 50 ans de règne de la famille Bongo, Sylvia et Noureddin Bongo incarnaient aux yeux du régime militaire les symboles d’un pouvoir confisqué. Leur détention prolongée, sans procès public, avait suscité des critiques internationales sur les garanties judiciaires et le respect des droits fondamentaux.
La pression de l’Union africaine
La décision de libération intervient quelques jours après la levée des sanctions imposées par l’Union africaine au lendemain du putsch. Cette levée, annoncée le 30 avril 2025, faisait suite à l’élection du général Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête du pays, le 12 avril, lors d’un scrutin que l’Union a jugé crédible. L’une des conditions posées par l’organisation continentale était précisément le respect des droits de l’Homme, y compris la libération des membres de l’ancien gouvernement.
Une réconciliation encore fragile
Cette libération pourrait apaiser temporairement les tensions politiques, mais elle ne solde pas le passé. Les accusations de corruption et de détournement de fonds visant Noureddin Bongo et certains proches restent juridiquement ouvertes. Aucun procès n’a encore été annoncé. Le retour de la famille Bongo dans l’espace médiatique, même restreint, pourrait réveiller les clivages dans un pays en quête de stabilité.
La libération de Sylvia et Noureddin Bongo intervient à un moment charnière pour le Gabon. Elle marque une tentative d’équilibre entre justice, réconciliation nationale et pression internationale. Le pouvoir militaire, désormais civilisé par les urnes, semble vouloir tourner la page sans provoquer de secousse. Mais la mémoire collective, elle, n’oubliera pas si vite.
La Rédaction

