La Colombie traverse une période critique. Après avoir connu des décennies de violence liée aux groupes armés, les espoirs nés de l’accord de paix historique signé en 2016 entre le gouvernement et les FARC semblent s’éloigner. Alors que la paix semblait à portée de main, le pays fait face à une recrudescence des violences, mettant en péril les avancées réalisées.
L’accord de paix signé par l’ancien président Juan Manuel Santos avait permis à près de 7 000 combattants des FARC de déposer les armes et avait offert au pays la promesse d’un avenir moins sanglant. Cette avancée avait d’ailleurs fait de 2017 l’année la moins violente en Colombie depuis plusieurs décennies. Mais les promesses de paix ont été compromises par l’échec du gouvernement du président Iván Duque à appliquer les engagements de l’accord, ce qui a ouvert la voie à de nouveaux groupes armés.
Depuis la prise de fonction de Gustavo Petro en 2022, la Colombie a espéré un retour à la négociation avec les principaux groupes armés sous la forme de sa stratégie « Paix totale ». Cependant, cette approche a été marquée par un manque de préparation et de coordination, exacerbant la situation. Les groupes armés se sont multipliés, et la violence s’est intensifiée, notamment dans les régions frontalières avec le Venezuela, où l’Armée de Libération Nationale (ELN) a lancé une offensive meurtrière début 2023.
L’armée, déstabilisée par l’incertitude des négociations, peine à trouver une stratégie efficace face à cette multiplication des acteurs violents. De plus, le recrutement forcé d’enfants soldats a atteint des niveaux inquiétants, avec une hausse de 1 000 % en seulement quatre ans. La criminalité organisée, alimentée par le trafic de drogue et les activités minières illégales, poursuit son expansion à travers le pays.
Le gouvernement Petro a tenté de négocier avec une dizaine de groupes armés simultanément, une tâche jugée irréaliste par des experts, y compris par l’ancien président Santos, qui a exprimé ses inquiétudes face à l’absence de planification stratégique et de compréhension des enjeux réels des négociations. Selon Santos, la Colombie ne peut pas simplement espérer régler tous les conflits armés en même temps. Cette approche “improvisée”, selon lui, a non seulement échoué, mais a également permis aux groupes armés de renforcer leur pouvoir en s’appropriant de nouveaux territoires.
Pourtant, malgré la montée des violences, Petro refuse d’abandonner son projet de « Paix totale ». Il soutient que les pourparlers doivent continuer, malgré les défis rencontrés. Mais la question demeure : la Colombie est-elle prête à renouer avec la paix ou le pays risque-t-il de voir ses espoirs se dissiper face à une violence sans fin?
Les prochains mois seront cruciaux. Si la stratégie actuelle échoue, les Colombiens risquent de vivre une nouvelle décennie de violences et de souffrances. À la croisée des chemins, la Colombie doit faire un choix difficile : poursuivre coûte que coûte un processus de paix incertain ou envisager de nouvelles solutions pour endiguer la violence.
La Rédaction

