« Nous ne vivons pas seulement comme nous sommes, mais comme on nous regarde. »
Dès l’enfance, le regard des autres façonne notre manière d’être. À l’école, dans la rue, au travail, nous apprenons à plaire, à nous ajuster, à éviter le jugement. Et peu à peu, nous cessons d’être nous-mêmes pour devenir ce que les autres attendent. Ce phénomène n’a rien d’anodin : il détermine nos choix, nos rêves, nos frustrations — parfois même notre estime personnelle.
Le poids invisible du regard social
Dans les sociétés africaines comme ailleurs, le regard collectif a une puissance redoutable. Il peut faire ou défaire une réputation, encourager ou humilier. Une jeune femme jugée pour sa tenue, un homme critiqué pour son emploi ou son statut, un artiste incompris : tous subissent la même loi, celle du paraître. Ce regard collectif se nourrit de comparaisons et de préjugés, souvent au détriment de la liberté individuelle.
Quand l’apparence devient une prison
Les réseaux sociaux ont amplifié cette dépendance au regard. On se photographie, on s’expose, on attend les “likes” comme des preuves d’existence. Ce besoin d’approbation est devenu le carburant émotionnel d’une époque. Pourtant, cette quête d’image conduit souvent à l’épuisement, à la peur de décevoir, à la perte du soi véritable.
Réapprendre à se regarder soi-même
Rompre avec cette logique, c’est un acte de courage. Apprendre à vivre sans chercher à plaire, à assumer ses choix, c’est reprendre possession de son regard intérieur. Les cultures africaines, avec leurs valeurs communautaires, peuvent offrir une autre voie : celle du regard bienveillant, fondé sur le respect mutuel plutôt que la comparaison.
Le regard des autres n’est qu’un miroir — parfois déformant, parfois éclairant. Il ne faut ni le fuir ni s’y perdre. L’enjeu, c’est de retrouver le juste équilibre entre être vu et être vrai, entre reconnaissance sociale et fidélité à soi-même. Car le plus beau regard reste celui qu’on pose sur soi avec lucidité et dignité.
La Rédaction

