Le silence. Cette présence énigmatique, qui prend la parole pour mieux se taire. Lorsqu’on lui laisse la place, il ne se hâte pas de la combler : il se contente de rester là, imperturbable, laissant aux non-dits le soin de s’installer. Et c’est justement dans ce choix de rester silencieux que le silence trouve sa puissance.
Il incarne une dualité troublante. Il peut apaiser, offrir un moment de recul où l’on retrouve l’essentiel. Dans ces instants de calme, le silence devient un refuge, un espace où l’on peut réfléchir, écouter, comprendre. Mais il peut aussi devenir un moyen de contenir des émotions intenses, comme la haine, le mépris ou la colère. Dans certaines situations, garder le silence face à l’autre est plus lourd de sens qu’un éclat de voix. C’est une protestation en elle-même, un refus d’entrer dans le dialogue, de céder au conflit.
Cette dualité propre au silence est aussi celle de l’Homme : capable de créer la paix comme de nourrir des oppositions intérieures. Face au silence, on se retrouve face à nos propres contradictions, à notre ambivalence humaine. Donner la parole au silence, c’est accepter de le laisser résonner en nous, de faire face à l’essentiel. Mais il nous rappelle aussi que, parfois, ce qui est peut peser bien plus que ce qui est dit.
La Rédaction