Un rapport conjoint d’Africa No Filter et d’Africa Practice a récemment mis en lumière un phénomène aux conséquences lourdes pour les économies africaines : la couverture médiatique négative des élections sur le continent. Selon ce rapport, les stéréotypes et perceptions négatives liés à la gouvernance africaine coûtent aux pays du continent jusqu’à 4,2 milliards de dollars chaque année, principalement en raison des taux d’intérêt gonflés que les prêteurs imposent.
La couverture médiatique et ses effets néfastes
Les élections en Afrique sont souvent couvertes par les médias internationaux sous un angle alarmiste. Les images de violence, les accusations de fraude et les conflits post-électoraux font souvent la une, au détriment des aspects plus positifs du processus démocratique sur le continent. Cette narration crée un biais dans l’opinion publique mondiale, conduisant à une perception exagérée des risques politiques et économiques des pays africains.
Or, le rapport indique que ces stéréotypes ne sont pas systématiquement appliqués à d’autres régions du monde. Des élections dans des pays d’Amérique latine ou d’Asie, bien que parfois marquées par des difficultés similaires, reçoivent une couverture plus nuancée, mettant aussi en avant les avancées démocratiques et les perspectives de stabilité. Ce traitement différencié finit par influencer la manière dont les prêteurs internationaux perçoivent les pays africains.
L’impact économique des préjugés
Les conséquences de cette perception biaisée sont majeures pour les pays africains. Les prêteurs, qu’ils soient institutions internationales, banques ou investisseurs privés, considèrent souvent les risques associés aux pays africains comme plus élevés en raison de la réputation médiatique qui leur est attachée. Pour compenser ce qu’ils perçoivent comme une plus grande instabilité, ils appliquent des taux d’intérêt plus élevés pour les prêts accordés aux pays du continent.
Cette majoration des taux d’intérêt se traduit par un surcoût financier significatif pour les économies africaines, que le rapport estime à environ 4,2 milliards de dollars par an. Ce montant représente une perte non négligeable pour des pays souvent confrontés à des défis économiques complexes et qui nécessitent des financements accessibles pour soutenir leurs projets de développement.
Une injustice économique à corriger
Les auteurs du rapport plaident pour un changement de paradigme dans la manière dont les élections et la vie politique africaine sont perçues et relatées à l’international. Ils soulignent que l’Afrique, malgré ses défis, connaît des progrès démocratiques et des transformations économiques majeures, qui mériteraient davantage d’attention et de reconnaissance. Une couverture médiatique plus équilibrée pourrait contribuer à rectifier les perceptions biaisées, à réduire les coûts financiers liés aux prêts, et à créer un environnement plus juste pour le développement économique du continent.
Au-delà des stéréotypes, l’enjeu d’une meilleure image
Si le défi de changer la perception internationale de l’Afrique repose en partie sur la responsabilité des médias internationaux, il incombe aussi aux pays africains de prendre des mesures pour valoriser leur propre image. Cela passe par une meilleure gestion de la communication lors des périodes électorales, mais aussi par une diplomatie proactive et une mise en avant des réussites locales.
Les 4,2 milliards de dollars de surcoûts annuels liés aux stéréotypes ne représentent pas seulement une question de finance. Ils illustrent l’impact concret des préjugés sur le quotidien des Africains, qu’il s’agisse des ressources allouées aux infrastructures, à l’éducation, ou à la santé. Rectifier cette perception biaisée pourrait donc permettre aux économies africaines de mieux canaliser leurs ressources vers leurs priorités de développement et de s’engager plus sereinement sur la voie de la prospérité.
La Rédaction

