Loin d’être une simple activité cynégétique, la chasse traditionnelle en pays Kabyè est une véritable institution, un rituel où se mêlent spiritualité, transmission des valeurs et cohésion sociale. Chaque année, la danse des chasseurs Pya Hodo marque le début officiel de la saison de chasse, une pratique ancrée dans l’histoire et les traditions de la région de la Kozah.
Un rite qui unit les vivants et les ancêtres
Dans la culture Kabyè, la chasse n’est pas qu’une question de gibier. Elle s’inscrit dans un cycle naturel et spirituel, entre la fin des récoltes et l’arrivée des premières pluies. C’est une période charnière, où la terre, ayant donné ses fruits, se repose, tandis que les hommes renouent avec l’un de leurs instincts les plus anciens : celui de chasseur.
La danse des chasseurs Pya Hodo marque cet instant sacré. Elle n’est pas qu’un simple spectacle : elle symbolise le courage, la ténacité et la maîtrise de soi, des qualités fondamentales pour les jeunes initiés comme pour les adultes. À travers leurs chants et leurs pas rythmés, les chasseurs rendent hommage aux esprits des ancêtres, protecteurs invisibles de la communauté, et expriment leur gratitude pour l’abondance accordée.
Un engagement pour la préservation des traditions
Au-delà de son caractère ancestral, la chasse traditionnelle est aussi un marqueur identitaire fort. Elle est l’un des piliers de la culture Kabyè et, plus largement, du patrimoine togolais. Sa pérennité dépend de la transmission des savoirs, qu’ils soient techniques (traque, pistage, confection des outils de chasse) ou philosophiques (respect de la nature, équilibre entre l’homme et son environnement).
Cette préservation des traditions ne peut se faire sans un engagement politique. C’est pourquoi certaines figures du pays, conscientes de l’importance de cet héritage, choisissent d’y prendre part pour affirmer leur attachement aux valeurs culturelles et à leur transmission. La présence du chef de l’État à cet événement s’inscrit dans cette dynamique, soulignant la volonté d’inscrire les traditions dans une démarche d’unité nationale et de valorisation du patrimoine.
Entre tradition et modernité : quels défis pour demain ?
Si la chasse traditionnelle est un socle identitaire, elle fait face à des défis contemporains. Comment garantir sa survie dans un monde en mutation, où les pratiques agricoles évoluent et où les espaces naturels se réduisent ? Comment l’adapter aux enjeux environnementaux sans trahir son essence ?
Ces questions sont cruciales pour l’avenir de cette tradition. Mais une chose est certaine : tant que les chants des chasseurs Pya Hodo résonneront dans la Kozah, le lien entre passé et présent continuera de se tisser, dans un équilibre fragile mais essentiel.
La Rédaction