Face aux évolutions du marché de l’électricité et aux incertitudes géopolitiques, le gouvernement suisse envisage un possible retour à l’énergie nucléaire sur le long terme. En 2017, les Suisses avaient voté par référendum en faveur d’une sortie progressive du nucléaire, adoptant une loi interdisant la construction de nouvelles centrales. Cette décision faisait suite à l’accident de Fukushima, survenu en mars 2011 au Japon.
Cependant, le ministre de l’Environnement, des Transports et de l’Énergie, Albert Rösti, a souligné lors d’une conférence de presse à Berne que le contexte énergétique a profondément changé depuis 2017. Il a précisé que, bien que l’énergie nucléaire ne soit pas une option à court ou moyen terme, il est crucial de commencer à envisager cette possibilité pour le futur. Selon lui, les prochaines années, en particulier les 15 prochaines, pourraient nécessiter une révision de la stratégie énergétique suisse.
Rösti a annoncé que son ministère proposerait une modification de la loi sur l’énergie nucléaire d’ici la fin de 2024. Cette modification devra ensuite être examinée par le Parlement, avant d’être soumise à un nouveau référendum populaire. Le ministre a insisté sur l’importance de garder toutes les options ouvertes, soulignant que s’il n’y a pas d’action dès maintenant, il pourrait être trop tard dans vingt ans.
La Suisse aspire à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et le gouvernement souhaite favoriser une ouverture à diverses technologies pour garantir un approvisionnement électrique sécurisé. Toutefois, l’interdiction actuelle de construire de nouvelles centrales nucléaires pourrait entraver cet objectif et compliquer le démantèlement des installations existantes, a noté le gouvernement dans un communiqué.
Actuellement, les quatre centrales nucléaires en service en Suisse fournissent environ un tiers de l’électricité du pays. Ces installations bénéficient d’une autorisation indéfinie, à condition de rester sûres. La loi stipule que si elles sont un jour mises hors service, l’électricité manquante devra être compensée par d’autres sources de production en Suisse. Cependant, le gouvernement craint que le développement des énergies renouvelables ne soit pas suffisant pour combler ce déficit à temps, surtout face à une demande croissante en électricité.
La Rédaction