Les résultats des dernières élections législatives et régionales ont une nouvelle fois consacré la suprématie du parti UNIR, le parti présidentiel au Togo, face à la multitude de partis et listes indépendantes ayant participé au double scrutin du 29 avril 2024. Avec un total de cinq députés élus sur 113 et 39 conseillers régionaux sur 179, l’opposition politique togolaise subit une débâcle exceptionnelle et doit s’interroger sur son avenir.
Après la proclamation des résultats définitifs des législatives le 13 mai et ceux des régionales le 21 mai, l’opposition politique togolaise a vivement contesté la régularité des élections et les résultats qui s’ensuivirent. Elle y trouve la cause principale de son échec. Cependant, même si la commission électorale nationale indépendante, chargée de l’organisation des élections au Togo, a reconnu des dysfonctionnements, elle rassure qu’ils sont négligeables et ne sont pas de nature à entacher la crédibilité du scrutin.
Jean-Pierre Fabre de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et Maître Dodzi Apevon des Forces Démocratiques pour la République (FDR), deux des cinq députés de l’opposition politique issus de ces élections ont fait des irrégularités, l’une des raisons principales de la renonciation à leurs sièges à l’Assemblée nationale.
Mais dans l’ensemble, plusieurs leaders de l’opposition reconnaissent des erreurs politiques qui expliquent cette débâcle. « Ce qui nous arrive aujourd’hui, nous y avons contribué. Nous aurions dû adopter un autre comportement, peut-être, pour encourager les électeurs à être plus nombreux à nous soutenir » a déclaré Maître Dodzi Apevon au lendemain de la publication des résultats provisoires des législatives. Le président des FDR reconnaît aussi que les querelles de l’opposition ont plutôt profité au pouvoir.
Après les désaccords entre les leaders de la C14, le mouvement à la base des grandes manifestations de 2017, l’opposition politique togolaise affiche, aux yeux de tous, une grande division marquée par des querelles intestines et des médisances. À ces querelles s’ajoutent la divergence des stratégies face au parti UNIR.
Au-delà des différentes raisons pouvant expliquer les résultats des élections législatives et régionales d’avril 2024, l’opposition politique et la société civile peinent désormais à mobiliser des foules pour des actions de contestation. Une baisse d’intérêt des populations qui s’explique selon Nathaniel Olympio, Porte-parole du mouvement Ne touche Pas à Ma Constitution, par l’attente des Togolais d’une « orientation claire » de la part des leaders de l’opposition.
Au cours d’une émission télévisée, le président du Parti des Togolais poursuit : « Si nous nous référons à 2017-2018, si nous nous référons à 2012 par exemple, les Togolais se sont impliqués très massivement dans la contestation du régime. Malheureusement, les Togolais n’ont pas été satisfaits et les objectifs n’ont pas été atteints« .
Les approches de remobilisation passent par une réorganisation ou carrément une renaissance de la classe politique de l’opposition. Jean Kissi, opposant togolais et candidat indépendant aux dernières législatives, déclare quant à lui à DW : « l’opposition doit lutter en bloc. Ça doit être un seul combat, bloc contre bloc. Je crois qu’il faut qu’on en prenne conscience « . Depuis les manifestations de 2017 et la présidentielle de 2020, l’opposition politique et la société civile togolaise peinent à remobiliser les populations.
Le mouvement Touche Pas à ma Constitution estime qu’il faut prendre le temps de redéfinir les stratégies de la lutte. « Aujourd’hui, nous ne demandons plus aux Togolais, simplement de sortir, nous leur demandons de nous donner le temps de construire la manière dont la lutte va être conduite, avec une nouvelle approche, avec des objectifs clairs et avec des démarches que tout le monde va comprendre« , ajoute Nathaniel Olympio.
En contestation du changement constitutionnel et des résultats du double scrutin d’avril, la société civile et l’opposition politique togolaise continuent d’appeler à des manifestations, qui trouvent un faible écho auprès des populations. Mais au regard de ce manque d’engouement qui contraste fort avec la grande mobilisation autour du parti au pouvoir, l’on s’interroge désormais sur les capacités et les arguments de mobilisation des populations par l’opposition politique et la société civile.
Bien vu compatriote. Bon article. Courage à toi